Aujourd’hui, au moment d’une enquête publique, tout est bouclé : le projet est à prendre ou à laisser. Or, ce qu’il faudrait, c’est de pouvoir l’améliorer significativement, le modifier, le reprendre, en travaillant ensemble, sans s’enfoncer dans une confrontation pénible. Mais la procédure administrative n’y est guère favorable. Le permis de construire est figé. Des questions essentielles sont traitées comme si elles étaient « hors sujet » : est-ce utile ? peut-on faire autrement et mieux ? et la détresse des animaux ? quels sont les impacts globaux du système ?
Si les vraies grandes questions sont régulièrement noyés dans la langue de bois, il ne faut pas s’étonner de la montée des populismes et démagogies.
Signons tous : Non à la porcherie industrielle de Heuringhem
Il faudrait donc d’abord beaucoup mieux connecter les procédures du permis de construire et de l’autorisation d’exploiter. En effet, s’il y a lieu d’améliorer le projet, pour le rendre acceptable, pour lui donner un sens, s’il faut le modifier significativement, alors il faut modifier les plans des bâtiments. Or, au moment de l’enquête publique, les plans sont faits. Les travaux de terrassement peuvent même commencer avant l’autorisation préfectorale d’exploiter.
Ce « tout ou rien » nous plonge dans ces conflits parfois difficiles à vivre, et qui nous demandent tant d’efforts et de persévérance. En effet, comment voulez-vous construire des solutions, si les uns font strictement ce qu’ils veulent (et reçoivent l’argent public), et les autres peuvent toujours causer sans être « pris au sérieux », alors que la pertinence de leurs arguments se trouve renforcée de jour en jour. Lisez la pétition :
Aux membres de la Commission des lois de l’Assemblée Nationale et du Sénat,
À Monsieur le Ministre de l’Agriculture,
À Mme la Ministre de l’Environnement,
À Mme la Préfète du Pas-de-Calais,
Depuis plus de quatre ans, les élus et la grande majorité des habitants de plusieurs communes du Pas-de-Calais s’opposent à la création d’une porcherie industrielle sur la commune d’Heuringhem.
Le caractère insoutenable pour notre avenir collectif de ce type de projet devient une évidence pour tout le monde :
✔ les pollutions de nos eaux, de notre air, de nos terres par l’agro-industrie ne sont plus à démontrer.
✔ au lendemain de la COP 21, la prolifération d’unités d’élevage intensif favorisant le réchauffement climatique et la pollution aux particules fines est un non-sens !
✔ l’année 2016 devait être celle de la lutte contre l’antibiorésistance, cela passe aussi par la fin des élevages concentrationnaires.
✔ avec raison, la population refuse de plus en plus les conditions de vie déplorables imposées aux animaux dans les fermes-usines, et réclame une alimentation de proximité et de qualité.
Les maires sont les élus les plus proches de la population et ceux qui connaissent au mieux les réalités du terrain. Nous demandons donc que les maires des villages concernés par des projets de fermes-usines de type ICPE puissent s’opposer à ces installations. C’est cela aussi la démocratie participative.
En conséquence, nous demandons :
■ à la commission des lois, d’adapter le droit afin que les maires puissent s’opposer aux élevages intensifs de type ICPE.
■ à nos ministres concernés, de favoriser les élevages de qualité et de proximité, plus respectueux du bien-être des animaux et de l’environnement, plutôt que de subventionner un mode d’élevage intensif qui est allé droit dans le mur et dont la population, majoritairement, ne veut plus.
■ aux services de la Préfecture d’Arras, de laisser la justice se dérouler normalement et sereinement dans un conflit entre des promoteurs privés et la municipalité d’Heuringhem !
Il n’y a pas de caractère d’urgence à créer à Heuringhem un élevage intensif de porcs surtout au vu de la situation actuelle de la filière porcine et de ces petites exploitations en particulier.