Bonne nouvelle n° 2 : ne coupez plus les queues des porcs !

Remercions la COMMISSION européenne pour sa  RECOMMANDATION (UE) 2016/336. Il s’agit d’appliquer (enfin !!) la directive 2008/120/CE (version consolidée) qui définit les normes minimales pour la protection des porcs. Cette directive date de 2001.

Quel est le problème ? Tout tourne autour des morsures de queues. C’est un comportement anormal de certains cochons. Il peut conduire à des blessures graves, infectées, et même mortelles. La section préventive des queues à une certaine efficacité pour prévenir ces dégâts.

Pourquoi alors la directive interdit-elle la section en routine des queues ? Pourquoi faut-il appliquer cette loi ?

D’une part, parce que c’est une mutilation douloureuse – la queue est la prolongation de la colonne vertébrale –  et il faut éviter cette douleur aux petits cochons.

D’autre part, parce que les morsures de queues sont un signe que les porcs ne vont pas bien. C’est « une réponse à l’ennui, à une stimulation insuffisante et à la frustration, en association avec d’autres facteurs négatifs liés à l’environnement et à la gestion de l’élevage, pouvant accroître le stress des animaux. » C’est un problème multifactoriel. L’accumulation des risques peut conduire aux morsures de queues, mais certaines causes ont plus de poids.

queues scores

Image extraite du document de travail de la Commission. Il montre les scores 0, 1 et 2 en matière de morsures de queue (sur des queues raccourcies).

Les Etats membres doivent agir !

La RECOMMANDATION du 8 mars sur l’application des prescriptions générales concernant la prévention de la caudophagie précise ce que les Etats membres « devraient »  faire.

Un élément clé est la mise à la disposition des porcs de matériaux manipulables qui permettent aux porcs de satisfaire leurs besoins essentiels sans compromettre leur santé. Or c’est là que le bât blesse, et que l’action de la COMMISSION est très attendue. Sa RECOMMANDATION s’appuie sur de nombreuses expertises scientifiques.

4.     Les matériaux d’enrichissement devraient permettre aux porcs de satisfaire leurs besoins essentiels sans compromettre leur santé.

À cet effet, les matériaux d’enrichissement devraient être sans danger et présenter les caractéristiques suivantes:

a)

être comestibles, de sorte que les porcs puissent les manger ou les flairer, et offrir de préférence certains avantages nutritionnels;

b)

pouvoir être mâchés, de sorte que les porcs puissent mordre dedans;

c)

pouvoir être investigués, de sorte que les porcs puissent les investiguer;

d)

être manipulables, de sorte que les porcs puissent les déplacer et modifier leur aspect ou leur structure.

5.

Outre les caractéristiques énumérées au point 4, les matériaux d’enrichissement devraient être fournis de telle sorte qu’ils soient:

a)

d’un intérêt durable, ce qui implique qu’ils encouragent le comportement exploratoire des porcs et soient régulièrement remplacés et complétés;

b)

manipulables au moyen de la bouche;

c)

disponibles en quantité suffisante;

d)

propres et hygiéniques.

Ce qui est ensuite nouveau, et particulièrement intéressant, c’est que la COMMISSION différencie très clairement entre

  • des matériaux optimaux pouvant être utilisés seuls, dotés de toutes les caractérisitiques des points 4 et 5 (ci-dessus)
  • des matériaux sous-optimaux devant être utilisés combinés avec d’autres,
  • des matériaux d’un intérêt minime.

Ce sont les Etats membres qui devraient veiller à ce que les éleveurs emploient les meilleures pratiques en ce qui concerne des indicateurs appropriés pour contrôler le bien-être des porcs qu’ils contiennent : des indicateurs basés sur l’animal, et des indicateurs non basés sur l’animal.

La Commission devrait surveiller l’application de la présente RECOMMANDATION. Celle-ci est un grand pas en avant – très attendu ! – et nous remercions très sincèrement la COMMISSION pour cette avancée sur un terrain miné.

La COMMISSION a aussi publié un document de travail, entretemps traduit dans toutes les langues qui est à la base de cette RECOMMANDATION. Espérons que les Autorités compétentes et les filières ne continuent pas à déformer les évidences scientifiques pour induire les éleveurs en erreur et pour pérenniser le système sinistre de la case sur caillebotis intégral « enrichie » d’une chaîne ou d’un objet. (Note 2017 : cet espoir est déçu)

porcs fouillant EUWelNet

illustration extraite de l’excellent outil de formation publié sur internet en 7 langues : EUWelNet pigtraining

L’ANNEXE I du document de travail page 14 présente un tableau de synthèse sur les matériaux manipulables optimaux, sub-optimaux et d’intérêt marginal (dont les chaînes et les tuyaux plébiscités par l’Institut Technique du Porc).

Les matériaux manipulables considérés comme « optimaux » sont la paille, le foin, l’ensilage, le miscanthus, et des végétaux à racines.