Les élevages géants sont-ils une fatalité ? En étouffant dans l’œuf l’extension d’un poulailler de près d’un demi-million de poules pondeuses, une association locale vient peut-être de prouver le contraire.
C’est à Branges (71) que se trouve « Val Produits », producteur d’œufs en cages batteries pour la marque « Matines ». Les œufs sont conditionnés par une filiale baptisée « Eggteam Val de Seille » du groupe GLON (qui est le pôle animal de Sofiprotéol dont le président est Xavier Beulin, le même qui est aussi président de la FNSEA). L’industriel Val Produits voulait agrandir son poulailler de 110000 à près de 500000 poules. Il a jeté l’éponge, devançant un jugement du TA de Dijon.
Le 04 juillet 2014, le préfet de Saône-et-Loire en a profité pour abroger son arrêté d’août 2011, lequel autorisait l’industriel à agrandir son poulailler. Le nouvel arrêté remet en selle celui de …2003 et ordonne sa « stricte application », reconnaissant ainsi que c’était loin d’avoir été le cas, CQFD !…
L’Association pour le Respect de l’Environnement (l’ARE) avait manifesté son opposition au projet dès l’enquête publique. Confrontée à une presse locale acquise aux intérêts de l’industriel, et bien esseulée face au fatalisme quasi général de la population locale, l’ARE se mettait alors à décortiquer l’énorme dossier du projet, et saisissait le Tribunal administratif de Dijon. En creusant les nombreuses carences du dossier, relatives notamment à l’évaluation des émissions d’ammoniac, à l’usage des biocides et aux épandages de leurs déchets…, sans compter les « libertés » prises par le préfet au regard de la réglementation sur les épandages…, nous assurions les bases d’un argumentaire solide, juridiquement fondé.
En outre, à l’été 2013, une révélation de L214 apportait la preuve que les poulaillers existants ne respectaient toujours pas les normes minimales obligatoires sur le bien-être animal (plus de 18 mois après la date limite !), contredisant de fait les dires du préfet et de Val Produits. La publication des images a été interdite.
… Tout cela risquait fort de nuire à la réputation du groupe GLON, et il devenait urgent pour ce dernier de trouver une issue de secours. La crise de mévente des oeufs de batterie (déjà annoncée comme inéluctable par le commissaire enquêteur) tombait à point nommé. Le groupe GLON en profitait pour « botter en touche » en abandonnant l’industriel en rase campagne. Val Produits n’avait d’autre choix que de se plier aux décisions de son ex-bailleur de fonds et déclarait abandonner la partie. Le 04 juillet 2014, le préfet mettait un terme définitif à ce projet insensé.
Le président du TA de Dijon, suite à l’abrogation de l’arrêté d’autorisation du 23/08/2011, a pris fin août 2014 une ordonnance décidant du non-lieu à statuer sur l’affaire. Le Préfet, Val Produits et GLON auront ainsi évité un jugement sur le fond.
André Soubeyrat, adhérent de l’association ARE, membre du Collectif Plein Air.