La Commission européenne n’ayant pas su faire appliquer les normes minimales relatives à la protection des porcs, a mis en ligne en outil de formation. Voir https://euwelnetpigtraining.org/.
L’objectif est atteint:
Comprendre les besoins en enrichissement du milieu de vie des porcs à l’engrais et les conditions requises pour couper les queues, selon la directive Européenne 2008/120/CE
Notez que la date « 2008 » correspond à la date de consolidation de la directive, mais que celle-ci est adoptée dès 2001, et l’échéance pour sa transposition en droit national était le 1er janvier 2003. Mais il a fallu attendre 2013 pour avoir une référence d’interprétation européenne traduite dans plusieurs langues. Non pas que le texte de la directive ne soit pas clair en lui-même ! Mais les résistances, obstructions, désinformations, dénis, reformulations trompeuses, etc., ont été et sont tenaces. Ainsi, aujourd’hui, sur le site euwelnet, chaque affirmation est bétonnée par des preuves scientifiques.
Pourquoi tant de retards pour répondre aux besoins évidents et reconnus des porcs ?
Parce que, en particulier en France, les dominants de la filière ne juraient, et ne jurent, que par le caillebotis intégral, et dans ce système la paille ou d’autres matériaux végétaux dérangent beaucoup. Bref, c’est moins de travail de couper les queues, que de gérer des matériaux manipulables végétaux conformes et appropriés. Contre vents et marées et contre toute évidence scientifique, l’Institut Technique du Porc propageait des chaînes, ou au grand mieux des chaînes dans des tuyaux en plastique, comme seul matériau manipulable, et les autorités compétentes suivaient leur Institut préféré (le seul).
Cette époque est terminée. Espérons-le. Soyons positifs.Tous les éleveurs ont accès à cet outil de formation qu’est euwelnet (Coordinated European Animal Welfare Network).
Reconnaître de bons matériaux à manipuler
Pour assurer la possibilité de “manipulation suffisante”, les matériaux d’enrichissement devraient:
- être comestibles, incluant un bénéfice nutritionnel/digestif
- pouvoir être mâchonnés, apportant au porc une information sur le goût
- pouvoir être fouillés, permettant au porc de rechercher avec le groin
- être destructibles, permettant au porc d’évaluer soigneusement tout type de matériau.
Tout est illustré par des images et des vidéos : le foin, la paille, le bois, les branches, le carton, la terre, l’herbe….
Et pour terminer, un tableau de synthèse présente une liste d’objets et de matériaux qui sont évalués selon les quatre critères ci-dessus. Les seuls qui obtiennent quatre smileys à grand sourire sont la paille, le foin et l’ensilage.
L’analyse se poursuit : les objets (chaînes, tuyaux…) ne sont pas suffisants. La paille est très bonne, mais d’autres matériaux végétaux qui ne nuisent pas à la santé, le sont aussi (compost, tourbe, miscanthus, maïs…)
En plus d’être approprié, l’enrichissement doit être en quantité suffisante pour que chaque porc y ait accès quand il le veut. Si l’enrichissement est proposé en quantité limitée, cela génère de la compétition qui peut mener à des agressions.
Aussi, le matériau d’enrichissement ne doit pas générer des blessures ou nuire à la santé. Il doit être renouvelé, à la fois pour maintenir l’intérêt des porcs, et pour éviter les souillures.
Caudophagie : facteurs de risque et solutions
Le risque que des porcs mordent les queues de leurs congénères et causent des blessures parfois dramatiques, est d’origine multifactoriel. L’ensemble des causes est présenté, liées à l’alimentation, la santé, l’ambiance, des stress divers… Mais le risque le plus élevé est un environnement pauvre et l’absence de paille à brins longs.
Avec autant de connaissances et de certitudes : comment est-ce possible qu’en 2014 des éleveurs investissent encore dans du caillebotis intégral ?
D’ailleurs, toutes ces réalités étaient parfaitement connues en 2001 ; le texte de la directive est pertinent. Avec un peu de bonne volonté, il n’y aurait plus eu d’investissement en caillebotis intégral depuis 2001 !
Tout cela révèle un sérieux problème au niveau de la formation des formateurs, techniciens et vétérinaires.
Le transfert des connaissances est toujours en panne. Sauf lorsqu’il y a quelque chose à vendre, ou un risque sanitaire à enjeu économique.