Nouvelles d’Allemagne

L’Allemagne fait perdre des parts de marché aux filières françaises de porcs et volailles industriels, à cause du dumping social et d’une organisation plus efficace. Mais l’Allemagne connait aussi une opposition de plus en plus influente à cette production industrielle ; 30 000 manifestants étaient à Berlin. Voyons cinq facettes de l’Allemagne

Réseau citoyen allemand

Réseau de mobilisation citoyenne

Plus de 120 associations et Initiatives Citoyennes (définition : structures informelles ayant un seul objectif) s’opposent dans le Land de Basse-Saxe, haut-lieu de l’élevage industriel), à de nouveaux élevages et abattoirs industriels. Elles sont organisées en réseau. Ce réseau s’agrandit, là où de gros projets se dessinent.

Des labels « bien-être animal »

Différents labels existent et sont en cours de développement.

« Neuland« , porté par de grandes associations, associations, existe de longue date avec un concept haut de gamme, tant pour le bien-être animal que pour l’environnement.

« Tierschutzlabel« , récent, est porté par le Tierschutzbund (grande association de protection animale) et propose deux niveaux : un niveau  dit  ‘premium’ avec des critères cohérents, et un niveau d »entrée’  qui vise, d’un point de vue très pragmatique, à amorcer les améliorations pour la production industrielle telle qu’elle est.. La commercialisation est lancée pour les poulets et les porcs.

L’industrie rémunère le bien-être des porcs

Un large partenariat entre agriculture, industrie et distribution (Initiative Tierwohl) a coopté un programme pour rémunérer un meilleur bien-être des porcs, en réponse à la contestation sociétale massive. Cette rémunération supérieure repose sur une grille détaillée. Elle rémunère des améliorations telle qu’une augmentation de la surface disponible de 10, 20 ou 40%, mais aussi des améliorations plus radicales du système telle que la mise-bas/allaitement en case liberté (pas de fixation en cage) et l’abandon de la section des queues (qui en fait est une obligation légale rarement respectée !).

Cette approche est très intéressante dans la mesure où l’éleveur n’est plus pénalisé mais rémunéré s’il accepte d’améliorer le bien-être des porcs, et cela sans que la démarche globale ne devienne beaucoup plus coûteuse. Il n’y a pas de filières séparées, en raison du coût qu’induirait leur mise en place et traçabilité, sur l’ensemble des produits du porc (viande, jambon, charcuterie…), ce qui est très complexe. Néanmoins il est à craindre que cette initiative reste un coup d’épée dans l’eau, puisqu’il est possible, pour les éleveurs, de participer en mettant en place des améliorations minimes qui ne remettent rien en cause et qui n’atteignent même pas encore les prescriptions de la directive 2008/120/CE (normes minimales relatives à la protection des porcs).

Cette initiative intéressante doit encore convaincre, en termes de résultats, pour être crédible. Le risque est qu’elle « justifie » une communication rassurante, alors qu’en réalité très peu d’éleveurs changent leur système.

Exporter la maltraitance : argent public pour  lobbies pourris

De 2009 à 2012, le gouvernement allemand à accordé 107 millions € de garanties de l’Etat pour l’exportation de systèmes de détention de volailles et de porcs qui ne sont pas conformes aux normes européennes minimales ; ainsi 31 millions € seraient partis en Ukraine pour des cages-batteries interdites. Ces oeufs peuvent revenir sur le marché européen à des prix de dumping.

Ceci sont les arguments des ministres de l’agriculture (Verts) des Länder Schleswig-Holstein et Niedersachsen pour leur demande réglementer les aides à l’exportation de telle manière à ce qu’uniquement des entreprises qui répondent aux normes européennes puissent bénéficient de soutiens et garanties pour l’exportation.

Big Dutchman : une entreprise à dénoncer

Ce groupe, basé en Allemagne, qui produit l’équipement pour l’élevage industriel; exporte des batteries à cages « simplifiées » (interdites en Europe), pour le marché africain. Il préconise aussi des cages-batteries pour poulets de chair (« AviMax »), notamment pour l’Afrique et l’Asie. En Europe, les poulets de chair ont toujours été engraissés au sol et doivent obligatoirement disposer d’une litière.