Avertissement
Cet article expose mes connaissances de certains dossiers, plus ou moins sensibles. Ce n’est en aucun cas un positionnement collectif. Les éléments présentés quant au bien-être animal en agriculture biologique ont trait au cahier des charges, sans entrer dans des études qui font une évaluation sur les animaux bio sur le terrain (santé, intégrité corporelle, comportement …). De telles études existent. Dans tous les systèmes, il y a de grands écarts entre élevages. Mais le potentiel d’excellence ‘bio’ est évident. Par contre il pourrait être beaucoup plus travaillé et accompagné que ce n’est le cas aujourd’hui. Agronomie et bien-être sont deux domaines différents.
Anne Vonesch
L’agriculture bio apporte des avancées essentielles et des espoirs
Elle interdit les cages, elle impose plus de surface, de la litière, l’accès au plein air, et un certain respect des comportements naturels des animaux. Globalement, les éleveurs bio semblent davantage sensibles au bien-être de leurs animaux qu’en standard. L’agriculture biologique revendique la prévention des maladies par une approche globale. Elle a le mérite d’interdire la production de foie gras, en toute logique. Elle porte des projets d’abattage à la ferme, immense espoir pour une fin digne des animaux, sans qu’ils ne subissent la peur ni une séparation cruelle.
En effet, les expérimentations les plus remarquables se font dans le cadre de l’agriculture biologique. C’est le cas pour des tentatives rarissimes de laisser des veaux laitiers auprès de leur mère au lieu de les en séparer, ou, plus simplement, d’élever ces veaux avec des vaches nourrices. Si un jour la production laitière devait surmonter la cruauté psychique et se réconcilier avec l’amour maternel, les solutions pratiques viendront certainement de la bio (et d’une rémunération adéquate). En attendant, l’agriculture biologique impose une nourriture plus saine pour les veaux que ne le fait l’agriculture conventionnelle ; elle interdit de provoquer l’anémie.
Les attentes envers l’agriculture biologique sont élevées
C’est tout en son honneur. Mais il lui reste quelques progrès à faire, et même en toute urgence, notamment en ce qui concerne le traitement de la douleur. Elle devrait aussi mettre fin à des dérogations qu’elle s’accorde parfois généreusement. A l’heure où la culture végane avance à grand pas, il faut arrêter de jouer avec les compromis et compromissions.
Il se trouve que, malgré la vague conviction d’être « tout bon » ou même « les meilleurs » en bien-être animal, un intérêt plus systématique dans le bien-être animal est, dans les milieux bio, plutôt récent. Ainsi a eu lieu en octobre 2018 une journée de rencontre entre la FNAB (Fédération Nationale de l’Agriculture Biologique) et les ONG de protection animale, et j’y ai participé au titre de FNE (France Nature Environnement). Cette journée a révélé des convictions profondément partagées pour certains sujets, pour d’autres une volonté de chercher des solutions (face à de vraies difficultés), et enfin de rares blocages sérieux. Mais globalement, la volonté d’aller de l’avant était tangible. C’était une excellente journée.
L’abattage sans étourdissement est incompatible avec le label biologique
Tel est le jugement de la Cour de Justice européenne, dans son arrêté du 26 février 2019. En effet, le règlement n°834/2007 CE exige des « normes élevées en matière de bien-être animal » comme l’un des objectifs de la production biologique et d’autre part, une « souffrance réduite au minimum pendant toute la durée de vie de l’animal, y compris lors de l’abattage », ce qui demande une insensibilisation. Ce jugement, obtenu par l’Œuvre d’Assistance aux Bêtes d’Abattoir (OABA) suite à une question préjudicielle posée par la cour d’appel de Versailles, réjouit les éleveurs et éleveuses bio. Il est cohérent avec l’éthique bio. L’étiquetage bio d’une viande sans étourdissement n’était pas une demande de la FNAB, loin de là ! Il semblerait que cela ait été imposé par l’Etat, la France se faisant le défenseur de l’abattage sans étourdissement au niveau européen. Triste rôle.
Le traitement de la douleur en bio n’est pas conforme aux obligations
Mais beaucoup de consommateurs de produits bio seront extrêmement surpris en apprenant qu’en agriculture bio des interventions très douloureuses sont faites à vif. C’est le cas le plus souvent pour la castration (en tout cas pour les porcs) et l’écornage (brûlage des bourgeons des cornes avec un fer chaud, ou à la pâte caustique). Du moins en France. Il s’agit d’une non-conformité manifeste (française) avec le règlement bio dont les principes sont énoncés dans le paragraphe précédent. Or l’INAO (responsable des labels) et le Ministère n’en sont pas à une non-conformité près, on le sait bien…
Dans le cas précis de la castration des porcelets, les producteurs bio portent eux-mêmes une lourde responsabilité. La FNAB a publié un Guide[1] qui oblige, lors de la castration des porcelets, à utiliser une bombe à froid pour limiter la douleur. L’efficacité en est si superficielle qu’il aurait été plus honnête de dire : pour se donner bonne conscience ou pour faire semblant de vouloir limiter la douleur. Une telle prescription a de quoi rendre extrêmement méfiant quant aux choix en matière d’accompagnement vétérinaire bio. Ces choix semblent laisser une grande latitude aux croyances et fantaisies que chacun expérimente selon ses envies.
Un problème de fond : croyance versus douleur
L’agriculture biologique reste dominée par une peur légitime et utile (qui a préservé la bio des pesticides de synthèse) envers tout ce qui est ‘de synthèse’. Toutefois cette peur, comme toute simplification excessive, peut devenir irrationnelle. Certains médicaments allopathiques et de synthèse sont fort utiles, chacun le sait (y compris la bio, qui accepte parfaitement certains traitements allopathiques indispensables). Aussi, le débat public récent rappelle à quel point le médicament homéopathique repose sur des bases questionnables. Libre à chacun d’y croire (vu certains avantages). Libre à chacun aussi de réfléchir s’il veut payer pour un mode de production qui recommande sur les animaux des produits thérapeutiques avérés inefficaces (respectivement évalués de manière anecdotique). Il est vrai que la médecine vétérinaire porcine classique s’est surtout distinguée par sa complicité avec le crime contre l’animal, comme l’a si bien soutenu Jocelyne Porcher. Il n’est pas étonnant qu’il y ait une soif d’alternative.
Quoi qu’il en soit, la douleur est très réelle et incisive. Or l’agriculture biologique officielle (contrairement à certains éleveurs/ses individuels) n’a pas encore intégré (ou commence à peine à en prendre conscience) que la douleur est en soi une agression de l’organisme, qui avec la souffrance enclenche des réactions hormonales en série qui finissent par agir sur l’immunité, et qui laissent des traces pour la vie. Ce qui est bien plus grave qu’un produit allopathique ! En fait, l’approche ‘bio’ du bien-être et de la santé se veut globale et préventive. C’est bien, justement, mais il faut aller jusqu’au bout et savoir faire la part des choses et reconnaître la proportionnalité des atteintes, des risques, et surtout les souffrances. Une ligne rouge est dépassée dès lors que l’obscurantisme s’oppose à l’empathie. L’industrie pharmaceutique a certes besoin d’être beaucoup plus surveillée et encadrée. Ce n’est pas une raison pour la bio de verser le bébé (à savoir un traitement efficace contre la douleur) avec le bain.
Interdiction de l’immunocastration – sans alternative acceptable !
En France, en bio, l’immunocastration a été interdite de manière précipitée dans la révision du guide de lecture (2017-2018) du règlement bio. Sans qu’une alternative à la castration à vif n’ait été mise en place [2] ! C’est ce dernier point qui est grave.
L’immunocastration consiste à injecter (comme un vaccin, ce n’est pas une hormone [3]) un antigène qui génère un anticorps anti-GnRH, bloquant ainsi l’hormone qui déclenche la puberté. Son avantage est qu’elle évite toute intervention chirurgicale et donc d’une part la douleur et d’autre part toute plaie et entrée de germes. Elle est facile à réaliser. A l’opposé, la castration chirurgicale va de pair avec davantage d’infections, d’antibiotiques, d’arthrites, de saisies. Elle rend l’abandon des antibiotiques plus difficile (et en même temps le marketing « sans antibiotiques »).
La FNAB a opté pour la pleine douleur et pour les risques associés. Elle confond délibérément immunocastration et castration ‘chimique’. Elle cherche maintenant des financements pour étudier d’autres solutions et en particulier engraisser des mâles entiers… très bien, mais personne ne l’empêchait de chercher ces solutions déjà il y a 20 ans ! Les études sur les mâles entiers existent.
L’engraissement de mâles entiers (qui n’existe guère en filière bio) est en principe une belle solution, mais ce serait malhonnête de nier ses limites, notamment pour produire des animaux plus âgés.
Quant à l’immunocastration, on peut en débattre.
Toujours est-il que le résultat de cette interdiction française en catimini est clair et net : les porcelets qui auraient pu en bénéficier hurlent de nouveau de douleur !
Le prétexte évoqué pour l’interdiction précipitée est une réponse donnée par la Commission européenne[4] lors d’une réunion dont le compte-rendu détaillé n’est pas rendu public. L’immunocastration ne serait « pas conforme à l’agriculture biologique dans la mesure où :
- d’une part il influence le comportement des animaux et favorise leur croissance, et
- d’autre part, le règlement stipule que les traitements vétérinaires ne peuvent être utilisés que pour traiter ou prévenir les maladies. »
Une telle réponse – un avis d’un représentant de la Commission – n’a aucune valeur de texte de loi. Son argumentation ne tient pas debout. Il ne tient pas compte de l’obligation de réduire la souffrance au minimum. L’immunocastration n’influence le comportement pas plus qu’une castration chirurgicale, qui est toujours tolérée. La croissance est favorisée pour la seule raison que jusqu’à la deuxième injection les porcs ont une croissance de mâle entier (ce qui évidemment est un argument pouvant intéresser les producteurs). Quant aux traitements préventifs, la bio a toujours accepté les vaccins. L’argumentaire est tiré par les cheveux. Chaque fois que cela l’arrange, la bio admet des dérogations. Mais la Commission ferme les yeux sur les mutilations et les douleurs enclenchés.
Quant à la nouvelle règlementation bio [5] publiée en juin 2018, elle n’entrera en vigueur qu’en 2021. Elle dit en Annexe II Partie II sous 1.5.1.2. : « Des médicaments vétérinaires immunologiques peuvent être utilisés. » Cela est clairement favorable à l’immunocastration. Pourtant certains disent que l’Europe interdira l’immunocastration, au vu des textes discutés en préparation des actes délégués et actes d’exécution qui seront publiés par la Commission européennes d’ici 2021. Encore faut-il que la Commission, si elle veut réellement interdire l’immunocastration (et sans aucun doute, c’est la FNAB qui fait pression dans ce sens) dise comment elle entend assurer que la souffrance est réduite au minimum ! Sous peine de faire voler en éclats les fondements éthiques de la bio.
En attendant une meilleure solution, l’immunocastration qui permet d’éviter à la fois la douleur et la plaie chirurgicale, ne devrait pas être interdite en bio. Elle est d’ailleurs encore utilisée par un grand groupement bio allemand (Naturland) ; d’autres mettent en place l’anesthésie générale par inhalation (modèle suisse). Cette solution ne semble pas progresser en France ; on peut certainement compter sur l’inaction du Ministère. L’immunocastration serait en effet une solution de facilité, dans la mesure où les éleveurs et les vétérinaires ont la flemme (surtout en France) de mettre en œuvre une véritable anesthésie. Aussi, l’anesthésie générale a un coût. Quant à produire des mâles entiers, cela suppose que le tri et les débouchés pour des carcasses odorantes de mâles entiers soient en place. A noter que seule la Cooperl semble engagée avec succès dans cette voie, profitant de ses gros moyens.
L’immunocastration est un problème de peur de l’opinion publique, au cas où une campagne de dénigrement apparaîtrait. Ce qui rejoint la position de la FNAB. L’immunocastration y est abusivement re-nommée castration ‘chimique’ (ce qui dans le sens strict signifie injection d’un produit chimique dans les testicules…). Or l’ANSES confirme bien qu’il s’agit d’un vaccin et qu’il n’y a aucun risque pour le consommateur. Mais les Français sont particulièrement suspicieux envers les vaccinations. Qu’ils se disent bien que l’argument marketing « sans antibiotiques » des produits issus d’élevages industriels (montrant patte blanche avec succès…) s’appuie sur un plus grand nombre de vaccins. De même il est trop facile de faire chauffer l’opinion publique en parlant d’ « hormones » alors qu’il s’agit d’un mécanisme immunitaire. Et comme si l’usage d’hormones en élevage n’était pas monnaie courante. Comme si le principal problème des micropolluants dans l’eau ne venait pas de la consommation humaine de médicaments. Non : c’est lorsque, pour une fois, il s’agit de supprimer un acte douloureux, que les oppositions se déchaînent ! – et semblent gagner. La peur d’être taxé d’utilisateurs d’ « hormones » est vive. Et personne n’aurait peur d’être qualifié de tortionnaire de petits porcelets ? C’est que la campagne « couic » de Welfarm a rapidement été étouffée. Il faudra recommencer…
Incohérences bio : les jeunes ruminants mâles partent en conventionnel
L’agriculture biologique s’est construite sur des vertus agronomiques basées sur le végétal. Initialement l’animal avait surtout comme rôle de fournir ses déjections en tant que fertilisants. Un animal, ça se vend, comme un sac de pommes de terre. L’idée que l’animal a une dignité en soi et que l’éleveur en est responsable jusqu’à sa mort, émerge de plus en plus, en bio. C’est l’idée de l’abattage à la ferme. Le défi est immense. Veaux mâles, agneaux, chevreaux… sous-produits du lait, enlevés à leurs mères, trouvent difficilement une valorisation ‘bio’. Engraisser un veau coûte plutôt cher. Alors que la production de lait bio s’envole, les petits veaux mâles partent dans les camions pour des ateliers d’engraissement industriels sordides. Quant aux chevreaux et agneaux, la situation semble aussi inquiétante.
Quant aux vaches allaitantes, ce n’est guère mieux. Il est difficile d’engraisser les bovins mâles au pâturage, donc les broutards bio partent en masse dans les filières conventionnelles très intensives, fût-ce à l’export. Rien de gai quant au bien-être animal.
Les fermes bio laitières ou allaitantes se veulent en général très écologiques et autonomes au niveau des fourrages. Mais ce beau tableau cache l’omerta des animaux mâles dont l’impact environnementale et la misère sont externalisés.
Les solutions ne sont pas simples. Cela nécessiterait une remise à plat de la production et des aides.
Règlement bio : des dérogations à la pelle
Comme toute règlementation européenne, les règlements bio sont des édifices complexes rédigés pour satisfaire des intérêts divers et parfois contradictoires. Le résultat en est une déclinaison de principes où se cachent entre les lignes d’innombrables brèches permettant de déroger à ce que le consommateur naïf imagine être acquis. Loin de savoir faire une comparaison entre Etats membres européens, il semble néanmoins que la bio française s’accorde un bon nombre de dérogations qu’on préférerait ne pas voir.
Nous avons déjà amplement discuté la défaillance quant à la prise en charge de la douleur lors des mutilations. Il faut souligner que la question de l’anesthésie locale se pose pour l’écornage des veaux (éventuellement des chevreaux) et qu’il n’y a aucune, mais alors vraiment aucune, excuse pour un éleveur de ne pas pratiquer d’anesthésie locale, accompagné par son vétérinaire. La technique est mure.
Il est réjouissant que la Guide récent pour l’élevage des porcs précise que la pose d’anneaux dans les groins est maintenant interdite. Sauf qu’il suffit de lire le paragraphe suivant pour apprendre qu’il est possible de déroger.
Un souci majeur est qu’il est encore courant que pour la mise bas en bâtiment, la truie soit bloquée (donc elle ne peut pas se retourner) jusqu’à 14 jours. Par contre la promotion du plein air est une excellente chose, alors que le plein air semblait en perte de vitesse.
Quant aux bâtiments pour les porcs, il y a actuellement débat. La FNAB semble défendre un système de bâtiment semi-ouvert et entièrement couvert (en dérogeant au règlement qui veut une partie non couverte) avec litière accumulée, alors que la plupart des pays européens privilégient des bâtiments avec une partie en caillebotis partiel (zone à déjections) et exposée à la pluie (ce qui nécessite de stocker de l’eau de pluie) et une zone de repos avec litière. La disponibilité de paille est un aspect à prendre en compte. La question est complexe.
Il reste à ne pas oublier le chaponnage qui est une opération très douloureuse et à risque infectieux. La production de chapons est interdite dans les pays voisins pour des raisons de protection animale. Il serait temps que le règlement bio l’interdise. Cette demande semble bien accueillie à la FNAB.
Une question explosive est celle du « bio industriel ». Toujours est-il que l’élevage d’un grand nombre d’animaux en bio permet la conversion en bio d’autant de terres pour les nourrir. Toujours est-il que le marché étant ce qu’il est, la majorité des produits bio est vendue en grande surface, avec des exigences de livraison régulière et d’une certaine efficience au niveau de la transformation. D’autre part il est exact qu’un certain esprit bio est trahi par la production de masse. Vaste débat. La rigueur au niveau du bien-être des animaux et l’intégration dans l’environnement, sans compromis, sont certainement de bons critères d’acceptabilité. En aucun cas la pression sur les prix ne doit conduire à un relâchement. Le prix juste fait partie de l’éthique bio.
Une inquiétude majeure est que les pouvoirs publics baissent le niveau de l’agriculture biologique afin d’augmenter la production française et de limiter les importations. Le gouvernement ferait mieux de relever à la fois le niveau d’excellence et le niveau des aides ! Et qu’il arrête de soutenir la production conventionnelle et industrielle.
[1] https://www.produire-bio.fr/articles-pratiques/elever-des-porcs-en-bio-un-guide-pour-construire-son-projet/ page 11
[2] Ce n’est pas l’endroit ici de reprendre tout le débat autour de la castration des porcs. Celle-ci se pratique sur les porcs mâles pour éviter une odeur désagréable de la viande à la cuisson, liée aux hormones sexuelles. Cette odeur apparaît sur une minorité de carcasses. Elle peut être dépistée mais ce n’est pas simple, encore faut-il disposer d’un débouché adapté (salaison ou double cuisson…) pour les carcasses odorantes. De nombreux travaux étudient aussi la prévention, par la sélection, l’alimentation, la propreté.
[3] L’ANSES confirme qu’il s’agit bien d’un vaccin et que les composants ne présentent aucune dangerosité pour l’homme.
[4] https://www.produire-bio.fr/articles-pratiques/limmuno-castration-incompatible-lagriculture-biologique/
[5] https://www.inao.gouv.fr/Nos-actualites/Le-nouveau-reglement-europeen-de-l-agriculture-biologique-a-ete-publie