Adieu prairie ! Les fermes d’engraissement (1000 bovins) en Creuse ou ailleurs et de négoce (4000 bovins) à Digoin, très contestées, ont en commun de concerner des jeunes bovins mâles de race à viande. Ils sont les fruits directs des aides couplées aux vaches allaitantes. Ces aides entretiennent une filière d’exportation. Le problème est politique.
Remettre à plat les aides à la filière allaitante !
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Résumé
Les vaches allaitantes, de race à viande sont nombreuses car soutenues par des aides couplées. Leurs veaux, une fois sevrés, connaissent des sorts très divers et pas toujours enviables. Génisses et bœufs (=mâles castrés, une faible part des mâles) sont susceptibles de pâturer, mais la majorité des mâles sont conduits dans des ateliers d’engraissement intensif, où ils sont logés en groupe dans des cases, jusqu’à l’âge de 18 à 24 mois, en tant que jeunes bovins (ou taurillons), pour des débouchés industriels. Eux ne voient plus de prairie, et disposent de moins d’un mètre carré pour 100 kg de poids vif, sur paille ou sur caillebotis.
Plus d’un million de jeunes animaux sevrés sont exportés vivants pour être engraissés, traditionnellement vers l’Italie, et de plus en plus vers des pays tiers du pourtour méditerranéen. Plus de 60 000 sont exportés vivants pour la boucherie, dont environ la moitié vers des pays tiers. Ces exportations posent des problèmes cruels de protection animale, pendant le transport et à l’arrivée. La filière bovine considère que ces exportations sont nécessaires pour la survie des éleveurs. Pour des éleveurs qui aiment leurs bêtes elles sont insoutenables.
Pour l’avenir de la filière allaitante il serait souhaitable
- qu’elle retrouve sa vocation herbagère, en engraissant tous les animaux en zone herbagère où ils sont nés,
- qu’elle mette au centre de ses modes de production le bien-être des animaux, avec un pâturage effectif, un logement hivernal spacieux et confortable, et le respect des liens sociaux entre animaux autant que possible,
- qu’elle renonce totalement aux transports longs et à l’exportation d’animaux vivants pour la boucherie et à terme aussi pour l’engraissement.
Il serait pertinent de construire des filières et de promouvoir des produits sur la base de ces arguments, qui peuvent rendre la production réellement sympathique et convaincre sur son intérêt environnemental. Par contre, l’adaptation des carcasses à des critères industriels en faisant violence aux animaux ne peut pas rendre la démarche particulièrement sympathique ou convaincante. En se donnant les moyens d’informer les consommateurs, beaucoup de choses sont possibles. La Suisse l’a démontré en construisant, au fil des années, de nombreux labels sur la base du bien-être animal en élevage herbager. Deux exemples : le NaturaBeef, où les jeunes animaux de 10-11 mois vont directement du troupeau allaitant à l’abattoir sans passer par une phase de finition en claustration ; et le SwissPrimBeef pour des animaux plus âgés avec une phase d’engraissement intensif mais néanmoins l’obligation d’une demi-journée quotidienne de pâturage. Il est en effet possible de faire mieux que d’emprisonner un groupe de veaux sevrés dans une case d’engraissement pour le restant de leurs jours !
Une telle réorientation cohérente et crédible suppose de réformer les aides et de ne plus les coupler aux vaches allaitantes pour produire un maximum de veaux, mais de les donner aux éleveurs pour engraisser et finir les animaux au pâturage.
Le Ministre Le Foll avait accordé 150 € par jeune bovin abattu à un poids plus léger, ceci pour désengorger le marché de la viande !
Il est grand temps de sortir des aides sans sens ni raison et de remettre au centre l’éleveur, l’animal et l’environnement.