Algues mortelles : l’Etat reconnu coupable

Le 21 juillet 2014 la Cour d’Appel de Nantes a donné en grande partie raison à ce cavalier gravement intoxiqué par l’hydrogène sulfuré des marées vertes le 29 juillet 2009, et qui avait assisté à l’agonie subite de son cheval sur cette plage de Saint-Michel-en-Grève. Ainsi l’Etat n’est pas seulement responsable de la prolifération des marées vertes, ce que la même Cour avait déjà signifié dans son jugement du 1er décembre 2009, à la demande de quatre associations bretonnes, dont Sauvegarde du Trégor. Il est coupable de ne pas avoir pris la juste mesure du grave danger que représente la putréfaction des algues vertes par le dégagement de ce gaz particulièrement toxique qu’est l’hydrogène sulfuré.

Algues vertes ramassage

Sauvegarde du Trégor salue la détermination et le courage d’un homme atteint dans sa chair et lésé dans ses biens par une pollution toxique entretenue grâce aux bons soins des préfets bretons. Ce jugement n’est que justice rendue à cet homme et au-delà de lui à toutes les associations, au premier rang desquelles Sauvegarde du Trégor, qui interpellent depuis des années les pouvoirs publics sur ce danger permanent. Notre association, la première, avait dès 2008, organisé une conférence publique sur ce sujet à Plestin-les-Grèves.

Les Maires et la sécurité

Et comme toute bonne justice est bonne à prendre, il nous revient de surcroît de la faire prospérer. A Sauvegarde du Trégor et à toutes les associations amies de se servir de ce jugement pour que la mort de Thierry Morfoisse,ce travailleur lui-aussi victime de ces marées vertes, ne soit pas vaine. Qu’elles demandent aux juges du Pôle Santé de Paris, à la lumière de ce jugement, de déterminer au plus vite les responsabilités de ceux qui ont laissé un homme décharger des algues pourries sans détecteur de gaz, sans masque, sans la moindre information sur les risques d’intoxication qu’il encourrait. Qu’elles incitent ces mêmes juges à prendre en considération les plaintes de mise en danger délibérée de la vie d’autrui, plaintes déposées par des citoyennes, des citoyens et des associations dont Sauvegarde du Trégor, mise en danger occasionnée sur les plages bretonnes par ces algues putrides nourries au nitrate agricole.

En dehors de ces actions, Sauvegarde du Trégor informe tous les maires des communes du littoral, qu’ils disposent désormais d’un moyen juridique pour se retourner eux-mêmes contre les préfets bretons. Grâce à ce jugement, la responsabilité d’une intoxication sur les plages de leur commune qui pesait sur eux, est renvoyée désormais aux représentants de l’Etat. Mais à une condition : qu’ils signalent au public tous les dangers encourus, y compris celui de l’hydrogène sulfuré dans le sable, en l’absence visible d’algues. Qu’ils prennent exemple sur le Comité de la Lieue de Grève qui, en collaboration avec Sauvegarde du Trégor, détermine les zones à risques et les délimite par un balisage approprié.

algues vertes vue

Servir l’intérêt général

Enfin, ce jugement est sans appel. Si les marées vertes font peser tant de risques, il est urgent d’en finir avec elles. On ne peut attendre 2027, l’échéance des Plans Algues Vertes, mis en place après la mort très médiatisée de ce cheval en 2009, pour espérer, peut-être, la fin des marées vertes. Comme le rappellent toutes nos associations depuis des années, il faut cesser d’offrir des primes de pollution à tous les pollueurs par le biais de normes règlementaires et d’aides financières à l’intensification des élevages et, au contraire, orienter l’agriculture vers la qualité de produits à haute valeur ajoutée, respectueuse de l’environnement et des hommes. L’Etat et les préfets bretons qui le représentent seraient plus avisés de s’en prendre à ces pollueurs, saccageant de surcroît, à l’occasion, les biens publics, plutôt qu’à Sauvegarde du Trégor en lui contestant à cette même Cour un agrément environnemental obtenu au Tribunal Administratif de Rennes. Depuis plus de quarante ans, tous les gouvernements successifs se trompent de combat, au mépris du bien public et de la santé des citoyennes et des citoyens. Que ce jugement les oblige remplir leur devoir : servir l’intérêt général en le plaçant au-dessus des intérêts de quelques uns. Tant qu’ils ne leur feront pas, Sauvegarde du Trégor et toutes les associations amies sauront le leur rappeler. Qu’ils sachent que nous sommes cette force citoyenne que rien ne saurait faire plier.