Les producteurs de porcs à l’école ? Une lettre ouverte

Le Collectif Plein Air a écrit à Mr Jean-Michel Blanquer, ministre de l’éducation nationale, pour exprimer sa préoccupation. Qu’est-ce qu’on enseigne dans une porcherie industrielle à des enfants d’écoles primaires ? Quel usage pédagogique est fait, ou pourrait être fait, de ces petits porcelets si mignons ?

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Lettre ouverte à Mr Jean-Michel Blanquer, ministre de l’Éducation nationale

le vendredi 8 septembre 2017.

Oui au producteur de porcs à l’école… si c’est pour apprendre à mieux les élever !

Monsieur le ministre,

depuis quelques années, l’industrie de la viande et particulièrement l’industrie porcine, communiquent régulièrement auprès d’écoliers. Il n’y aurait en cela rien d’étrange, si ces visites concernaient les établissements d’enseignement agricole. Or la cible est l’école primaire. Et les visites sont parfois relayées par la presse locale, dans des circonstances telles que la création ou le projet d’extension d’un élevage intensif ; quand même l’acceptation sociétale, à l’entour, n’est pas acquise.

Ces visites d’exploitations intensives sont organisées avec l’assentiment d’enseignants. Certes, il est utile que les écoliers soient informés de ce qu’est une exploitation intensive ; autrement dit de ce qu’elle implique pour l’exploitant, les animaux, l’environnement et la société. Mais n’est-il pas néfaste que d’aucuns risquent de fourvoyer le regard d’enfants, grâce à une mercatique dont le but, en réduisant et déformant l’image d’exploitations, est d’en fabriquer l’acceptation, et de pérenniser la consommation du produit ?

Car quel exploitant sur caillebotis intégral, au-dessus du lisier, expliquera aux enfants que pour adapter les porcs à une case si dépourvue d’intérêt, il raccourcit la queue des porcelets de manière routinière, nonobstant l’interdiction formelle de cette pratique ? Enseignera-t-il alors le français, parlant de mutilation plutôt que de soin ? En montrant de mignons petits porcelets, initiera-t-il les enfants à l’éthologie et à la physiologie en reconnaissant que l’immobilisation des truies en maternité est loin d’être ‘nécessaire’ et qu’elle est même interdite dans plusieurs pays ? Exposera-t-il l’histoire de la société paysanne, détruite par les concentrations sans fin, entre autres, d’exploitations porcines ? Apprendra-t-il à compter le nombre de faillis et de suicidés ? Dressera-t-il la géographie des pollutions, particulièrement des algues vertes, dues à l’excès de lisier ? Détaillera-t-il, en bon économiste, les coûts récurrents pesant sur les contribuables ? Brossera-t-il la biologie des porcs, dont la diversité a été réduite à peu de chose par l’industrie ?… Ou seront-ce les enseignants, ayant consenti à la visite, qui sauront et oseront alors une critique, afin de donner largement à connaître aux enfants ?

Ainsi, pensant qu’une réflexion doit être menée sur les moyens et les limites de la communication d’un tiers dans le cadre scolaire, nous vous demandons de bien vouloir examiner ce problème, d’en débattre peut-être avec votre institution et, si vous le jugez pertinent, avec l’industrie de la viande elle-même.

En vous priant d’agréer, Monsieur le ministre, l’expression de notre sincère préoccupation.

 

 

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et si c’était pour mieux les élever ?