Un concept scientifique
Le concept du bien-être animal fait l’objet d’un très grand nombre de travaux de recherche. C’est un enjeu règlementaire et politique au niveau européen et, de plus en plus, mondial. Les représentations des animaux et les attitudes envers eux évoluent suite à la reconnaissance (non seulement par le bon sens mais enfin aussi par la science !) du fait que les animaux ont des émotions qui ressemblent aux nôtres, qu’ils ont une conscience et une intelligence, qu’ils ressentent la douleur, la peur, la frustration, le stress, mais aussi la joie, la confiance, l’affection, et la satisfaction de leurs besoins.
Il est donc essentiel de bien appréhender que les animaux d’élevage n’ont pas seulement des systèmes digestifs, cardio-respiratoires, musculo-squelettiques et reproducteurs, mais aussi un cerveau.
Une approche pragmatique de leur bien-être est de bien cerner leurs besoins, en fonction de l’espèce, et d’y répondre. Ces besoins sont physiologiques, sanitaires, comportementaux, affectifs et cognitifs. L’éthologie, la science du comportement animal, apporte une grande aide.
Exemples d’une telle approche :
- élevage des porcs conforme aux besoins de l’espèce
- élevage des poules pondeuses conforme aux besoins de l’espèce
Le bien-être des animaux d’élevage est d’abord un objectif d’ordre éthique. Y adhérer, suppose une certaine capacité à l’empathie et à la compassion, une envie d’entrer dans une relation positive avec eux. Le mettre en pratique nécessite aussi des connaissances et des compétences, et un engagement bienveillant auprès d’eux, au quotidien.
Evaluation du bien-être
La définition la plus courante du bien-être animal est celle dite des « 5 libertés ».
Comment évaluer le bien-être ? La recherche propose différentes méthodes. En fonction de la grille d’évaluation, les élevages intensifs peuvent passer comme « passables » ou non. Un aspect essentiel est, évidemment, l’état de santé des animaux. Les élevages industriels peuvent progresser au niveau sanitaire en améliorant leur ventilation, en corrigeant des erreurs alimentaires et en intégrant des critères de santé au niveau de la sélection génétique. Ainsi ils réduisent leurs mortalités et améliorent les performances technico-économiques, mais les besoins comportementaux des animaux sont toujours loin d’être respectés. Et la faiblesse du système « welfare quality », usine à gaz de l’évaluation, se situe bien là : on adapte l’évaluation au système, cela peut se comprendre, mais il ne faudrait pas confondre pragmatisme et cautionnement (les matériaux manipulables pour les porcs ont un coefficient de pondération dérisoire, et la cage de la truie doit être assez grande pour sa taille…).
Les normes ≠ bien-être !
On rencontre fréquemment une confusion entre les normes minimales, telles que définies par les textes européens, et le « bien-être ». Les agriculteurs et l’administration parlent de « normes bien-être », or il n’y a que des normes minimales qui restent très loin d’un réel bien-être. Les normes minimales sont des compromis, adaptés aux systèmes industriels dominants, avec quelques améliorations qui comportent de nombreuses dérogations et qui de surplus ne sont que partiellement appliquées.
Les normes ne sont pas respectées
Parmi les normes qui sont systématiquement ignorés, déniés, piétinés …. il y a l’obligation d’un accès permanent à des matériaux manipulables végétaux suffisants pour tous les porcs en groupe, ainsi que l’interdiction de la section des queues de manière routinière et l’obligation de mesures préventives contre les morsures de queues. Il y a l’obligation de litière pour les canards. Il y a l’obligation de permettre aux poules pondeuses en cages-batteries dites ‘enrichies’ de gratter et de picorer. Il y a le non respect fréquent, pour les porcs, de l’accès permanent à de l’eau fraîche. L’absence de soins aux malades, et l’absence d’infirmerie. Sevrage précoce systématique des porcelets. Ce sont quelques non conformités couramment tolérées par les inspections de contrôle. Les bilans nationaux (très succincts) des contrôles jouissent d’un flou opacifiant. Les rapports des contrôles par l’Office Alimentaire et Vétérinaire européen sont téléchargeables, y compris en français pour la France (vous entrez le pays que vous voulez, et vous cliquez SEARCH). Ils sont ciblés sur des enjeux particuliers.