Information ou confusion ?
L’agriculture biologique a un cahier des charges sans ambiguïté, ou presque.
Le label rouge définit un produit de meilleur goût. Au niveau des conditions d’élevage, l’intérêt est très inégal. Il est par exemple considérable pour le poulet et infime pour le porc. La notion « fermier « ou « élevé en plein air » rajoute une information intéressante sur les conditions d’élevage ; encore faut-il savoir quelle est la durée de la période avec accès au plein air. Chaque produit (p. ex. la volaille de chair, les oeufs, la viande de gros bovin, la viande fraîche de porc….) a sa notice technique qui définit les exigences minimales, qui ensuite sont déclinées par des cahiers des charges précis pour chacun des labels régionaux. En général, les labels régionaux sont très proches des contraintes minimales de la notice technique. Les notices techniques sont téléchargeables sur le site de l’INAO, mais les cahiers des charges régionaux sont compliqués à consulter.
L’AOC, AOP et IGP sont des signes de l’origine qui s’attachent surtout à une tradition régionale et une recette de fabrication.Le fonctionnement est défini par le règlement (UE) n° 1151/2012 du Parlement européen et du Conseil du 21 novembre 2012 relatif aux systèmes de qualité applicables aux produits agricoles et aux denrées alimentaires. Les contraintes de lien avec une zone géographique sont lâches et truffées de dérogations (Article 5).
Les conditions d’élevage sont secondaires et souvent parfaitement banales. Ce sont certains fromages (de loin pas tous !) qui sont liés aux prairies et pâturages, p.ex. le Comté, et qui peuvent ainsi mettre un frein à l’intensification ; une telle démarche est essentielle pour la protection de l’eau et de la flore, et devrait se développer.
Ces signes de reconnaissance sont validés par l’Europe. Le but est surtout d’empêcher les imitations.
Pour connaître les caractéristiques des produits et de leur fabrication il est possible de passer par l’INAO ou par le site européen DOOR. Souvent les produits sont à la fois label rouge et IGP, et c’est la catégorie IGP qui permet d’accéder à une certaine information. Notamment pour l’IGP, les conditions d’élevage sont le plus souvent sans ambition en matière de bien-être animal.
La certification est un terme qui peut se comprendre de différentes manières. En France, la « certification de conformité » était initialement considérée comme un signe « officiel » de qualité (pour que l’industrie ait aussi son signe dit officiel de qualité), ce qui a été abandonné. La certification atteste qu’un produit est conforme à des règles spécifiques portant, selon le cas, sur la production, la transformation ou le conditionnement. Les produits doivent se différencier du produit courant. C’est pourquoi il existe une série d‘Arrêtés qui définissent surtout la méthode du cahier des charges, selon l’espèce. Il n’y a aucune obligation de faire mieux que les normes minimales en matière de logement et conduite des animaux ou en matière d’environnement. Le Ministère de l’agriculture publie la liste des Certifications enregistrées. – Selon la définition de la Commission européenne, la certification est une attestation indépendante relative aux produits, aux procédés, aux systèmes ou aux personnes.
Les mentions valorisantes (« montagne », « fermier » …) correspondent à des définitions officielles, selon divers textes réglementaires. Parfois, la subtilité des dérogations a de quoi surprendre. Le porc « fermier » n’est pas forcément fermier toute sa vie, il a droit à sa part de caillebotis.
Et le porc « montagne » ? Causse durable vous l’explique !
Les Chartes (des bonnes pratiques) sont souvent des outils que se donnent les filières d’une part pour communiquer sur leurs bonnes pratiques, d’autre part pour induire une dynamique de progrès douce, peu contraignante; et basée essentiellement sur les aspects sanitaires. C’est surtout une question de professionnalisme. La Charte des bonnes pratiques d’élevage concerne 92 % du lait produit et 77 % des bovins élevés en France. Elle déclare entre autre: « Je prends soin de conserver les surfaces en herbe et les éléments qui marquent le paysage de ma région. » C’est bon à savoir, et vachement bien – tant que c’est la réalité !
Les marques des producteurs et les marques de distributeur offriraient une opportunité extraordinaire pour intégrer des éléments significatifs, favorables au bien-être des animaux et à l’environnement, dans le cahier des charges. C’est rarement le cas. Presque jamais. Mais il serait temps de saisir ces opportunités. Nous n’attendons que de découvrir de telles nouveautés !
Toutes les régions inventent des signes et outils pour subventionner la promotion des produits régionaux. Parmi eux, il y a le meilleur et, trop souvent, le pire.