Suite aux Etats Généraux de l’Alimentation et à la demande du gouvernement, la filière volailles a publié un Plan de filière. Ce Plan de filière est consultable sur le site du Ministère de l’Agriculture. Il promet une montée en gamme :
– un « socle » pour tous les poulets français standard,
– et une plus grande part de fermier et de bio.
Mais pour être crédible la filière devrait instaurer un moratoire aux nombreux projets industriels de poulets et de dindes et accepter l’étiquetage obligatoire des conditions d’élevage !
Commentaires au Plan de filière Volaille de chair
Anne Vonesch, février 2018
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Résumé :
La Plan de filière volaille prévoit une certaine montée en gamme sans remettre en question les tendances lourdes d’agrandissement et de concentration des exploitations ainsi que des outils amont et aval. La logique reste celle de la compétitivité à l’international. Les éleveurs, la société, l’environnement, les animaux, tous subissent les impacts. En cause : le dumping sans scrupules imposé par les centrales d’achat. Il est lié au consumérisme et à la financiarisation. Le plan de filière traduit encore beaucoup trop de complicité avec ces logiques.
La prise en compte affichée des attentes sociétales indique un début de prise de conscience mais reste encore très loin d’une mise en œuvre crédible, au vu des projets d’élevages industriels (poulets et dindes) récents et en cours, qui sont imposés, même si localement des citoyens s’y opposent et que les sondages indiquent clairement que l’opinion publique les rejette.
Demander 182 Millions d’euros par an au titre du PCAE (Plan de Compétitivité et d’Adaptation des Exploitations Agricoles), 15 millions pour développer l’exportation, augmenter de 2 millions les aides à l’ITAVI : tout cela n’est pas acceptable sans un profond changement de paradigme. Un plan de communication ne suffit pas ! Il faut un moratoire sur les projets d’élevages industriels en cours, et une orientation claire vers le MOINS et MIEUX, avec plus d’emplois. L’étiquetage sur les modes d’élevage doit devenir obligatoire, et il est profondément perturbant que le Plan de filière n’en veuille pas.
Historique : le présent résulte du passé
Le Ministère de Stéphane Le Foll embraie sur une vision productiviste de l’élevage, avec son Plan d’avenir pour la filière avicole. Le rapport de mission d’Alain Berger veut allier performance économique et environnementale, en donnant un sens inattendu au slogan gouvernemental du « produire autrement »: il s’agit en effet d’ « accroître la taille des élevages : viser 5 000m² (moyenne actuelle 1600m²) permettant d’occuper une personne à temps plein; trop d’élevages sont encore des activités secondaires. » Il faudra donc environ 100 000 poulets de chair pour qu’une personne puisse en vivre. Ceci est ce que nos décideurs veulent bien considérer comme « durable », focalisant sur des techniques d’économie d’énergie ou sur la production (photovoltaïque…) d’énergie. –
Et la détresse des animaux, le manque d’autonomie des exploitations, les nuisances, … est-ce que tout cela ne compte pour rien ?
FranceAgriMer a publié une réflexion stratégique sur la filière Volailles en décembre 2013.
En Alsace, l’abattoir Bruno Siebert et le producteur d’aliment Costal mettent en place une série d’élevages de poulets industriels, de 30 000 à 70 000 poulets. L’argument recevable est qu’il vaut mieux produire sur place que de transporter les poulets. Le transport est d’abord une question de coût : coût du chauffeur, du gazoil et des péages ; pertes de poids, blessures et mortalité des poulets. Evidemment, il faut souhaiter aux poulets un transport le plus court possible. Néanmoins, les poulets sont élevés sur le mode industriel à très forte densité. Qui va les compter, dans leur hangar ? Qui publiera le nombre de poulets qui ont des problèmes squelettiques, ou qui souffrent de pododermatites ? Opacité garantie. Et quant aux Meilleures Techniques Disponibles, promises aux riverains, quelques doutes sont permis.
A qui la faute ? Aucune collectivité ne fait l’effort de promouvoir le poulet fermier et de l’imposer aux menus des restaurants scolaires.
Arrêtez de faire croire qu’on pourrait manger du poulet au prix du pain !