Un communiqué commun : pas d’argent public pour le foie gras !

R E P E N S O N S  L’ A V I C U L T U R E ! Des centaines de millions d’euros d’argent public sont versées à une filière qui est incompatible avec le bien-être animal et qui représente un gaspillage gigantesque (et un débouché pour le maïs…).

Communiqué de presse commun, lundi 23 janvier 2017 avec

CIWF France (Compassion in World Farming)

LFDA (La Fondation Droit Animal Ethique et Sciences)

OABA (Œuvre d’Assistance aux Bêtes d’Abattoir)

Welfarm (Protection Mondiale des Animaux de Ferme)

CP foie gras

Des millions d’euros pour des massacres

Pour la deuxième année consécutive, la filière foie gras est concernée par des abattages massifs d’animaux sains, dans le but d’endiguer l’influenza aviaire H5N8 hautement pathogène. 1,8 millions d’animaux ont été tués[1], essentiellement des canards. La filière foie gras annonce des pertes de 120 millions d’euros[2], et le gouvernement s’est engagé à indemniser les canards[3] et les vides sanitaires selon les mêmes barêmes que l’année précédente. Car il y a un an déjà, lors de la précédente crise d’influenza aviaire, le repeuplement des élevages à foie gras aurait été financé à hauteur de 130 millions d’euros par le gouvernement, et 60 millions étaient proposés pour les entreprises aval[4]. Les collectivités territoriales s’engagent à nouveau pour apporter des millions supplémentaires.

Une menace sur les volailles en plein air

La stratégie sanitaire mise en œuvre ordonne le confinement de millions de volailles. Elle annihile de ce fait – et c’est grave – l’atout des filières de volailles en plein air, les seules dignes d’être soutenues. Elle met aussi des contraintes insupportables sur les particuliers qui respectent leurs animaux.

Rigal Cancatel camion entier

En cause : le système d’élevage intensif, son commerce, ses transports

En France les enquêtes épidémiologiques concluent que la contamination est due aux transports de palmipèdes et aux hommes (Ministère de l’Agriculture, CNOPSAV SA spécial IAHP du 4 janvier 2017) ; la faune sauvage contaminée est rarissime.

Les pays plus au Nord sont atteints par un virus H5N8 différent, originaire d’Asie de l’Est, et un plus grand nombre d’oiseaux sauvages y est atteint. Mais là aussi, le rôle des élevages et des transports dans la contamination de la faune sauvage doit être éclairé[5].

Arrêtons toute aide à la filière du foie gras

Le Collectif Plein Air invite les pouvoirs publics à ne plus porter à bout de bras une filière cruelle et insoutenable qui, de surplus, met gravement en danger une aviculture à visage humain et durable.

Repensons l’aviculture

La nature riposte à l’élevage concentrationnaire. Tirons enfin les conséquences, pour mettre l’aviculture en cohérence avec :

  • une stratégie nationale crédible pour un réel bien-être animal,
  • une déontologie vétérinaire envers l’animal,
  • l’agro-écologie,
  • la lutte contre le gaspillage alimentaire,

Le Collectif Plein Air plaide pour la reconversion de la filière foie gras vers des productions d’excellence, tant au niveau environnemental qu’au niveau du bien-être animal.

 

 

ANNEXE

Quelques bonnes raisons de laisser la filière foie gras mourir de sa crise grippale

Un système cruel en manque de transparence

  • La production de foie gras est incompatible avec chacune des “5 libertés” définissant le bien-être animal :
    • par une alimentation qui n’est pas naturelle (viol alimentaire), qui rend malade et qui, à terme, est mortelle ;
    • avec un accès à l’eau, certes, mais sur la base d’un besoin induit non naturel ;
    • avec un excès de morbidité, de lésions et de mortalité ;
    • du fait d’un inconfort invétéré en cage, alors que les cages (même collectives) sont incompatibles avec le comportement naturel ;
    • du fait d’un stress intense, et d’un transport et d’un abattage en mauvaise santé.
  • Pour les canards concernés il vaut certes mieux être tués jeunes par “dépeuplement”, que de subir la phase du gavage.
  • La filière du foie gras, au moyen du comité interprofessionnel des palmipèdes à foie gras (CIFOG), s’appuie sur une publicité trompeuse, mais tolérée par les pouvoirs publics, consistant à faire croire que le foie gras, par gavage, serait  « le foie sain d’un canard (ou d’une oie) adulte, robuste et en bonne santé » (CIFOG), ce qui est faux.

 

Pour vous faire une idée des nouvelles cages de gavage, prétendument aux normes :

gavage L214

source youtube L214

http://www.pleinchamp.com/elevage/volailles-lapins/actualites/gavage-la-recherche-de-la-cage-ideale

https://www.youtube.com/watch?v=lvv7CAGKmq8

http://www.agritarn.com/documents_pdf_docs/Agrotourisme/BROCHURE-CEPSO-2010-VF.pdf

http://www.lalandaise.fr/gavage/cages-logement-collectifs

https://www.elevageservice-sud.com/palmistar-logement-collectif-de-gavage

http://www.lurberri.fr/ImagesSite/Accueil/armonia.pdf

http://europemetalfil.fr/avicole

Déni des obligations légales

  • Les conditions de production et de gavage, et en particulier les nouvelles cages soi-disant « aux normes », et subventionnées, restent illégales[6], car sans litière.
  • Le gouvernement s’appuie sur une interprétation trompeuse de la législation pour la protection des animaux, afin de ne pas appliquer des textes qui sont pourtant contraignants, comme l’a affirmé la Commission européenne.

L’opinion publique

  • Les Français sont de plus en plus nombreux à rejeter le foie gras.
  • Le lobby très performant du foie gras réussit, par de la désinformation, une mainmise disproportionnée sur des parlementaires. Or, l’« identité » de la France et des Français, leur patrimoine culturel et culinaire, ont-ils besoin de s’appuyer sur une filière cruelle, qui trompe, en outre, le consommateur ?

Mondialisation

  • Les tueries préventives de canards en cours sont aussi liés à la compétition pour les marchés mondiaux de volailles où les barrières commerciales, pour raison sanitaire, sont une arme de guerre commerciale. Cette mondialisation est cruelle et absurde.

Gaspillage et agro-écologie

  • La destruction d’animaux sains est en contradiction avec la lutte contre le gaspillage alimentaire. La production de foie gras, elle-même, est un gaspillage d’aliments pour animaux.
  • Le gavage implique une consommation de ressources ainsi que des émissions extrêmement élevées, ce qui est incompatible avec l’agro-écologie préconisée par le gouvernement.

 

 

[1] http://agriculture.gouv.fr/influenza-aviaire-stephane-le-foll-annonce-les-mesures-dappui-la-filiere

[2] http://www.lafranceagricole.fr/actualites/elevage/grippe-aviaire-le-cifog-demande-des-aides-durgence-1,1,120534279.html

[3] http://www.francetvinfo.fr/sante/maladie/grippe-aviaire/grippe-aviaire-le-gouvernement-renouvelle-son-aide-a-la-filiere-en-2017_2026110.html

[4] http://www.ouest-france.fr/economie/agriculture/grippe-aviaire-le-ministere-de-lagriculture-detaille-les-aides-4120538 : « Une enveloppe de 60 millions d’euros sera ainsi réservée aux PME-PMI sous forme de subventions ou  d’allègements de charges, fiscales et sociales notamment. »

[5]http://www.face.eu/sites/default/files/documents/english/scientific_task_force_on_avian_influenza_and_wild_birds_h5n8_hpai_december_2016_final.pdf En Allemagne, par exemple, sévit un autre virus H5N8, originaire d’Asie de l’Est. Les oiseaux sauvages atteints sont plus nombreux. Mais il reste non démontré et improbable que le virus hautement pathogène ait pu se maintenir et transmettre dans des populations d’oiseaux sauvages et par portage sur de longues distances.  Par contre, le vaste système de transports humains et de commerce avicoles représente un risque considérable. Certains experts envisagent une combinaison entre outils de transport contaminés et aliments d’Asie, et oiseaux migrateurs.

[6] Les « Recommandations du Comité permanent du Conseil de l’Europe » imposent une litière ; elles sont contraignantes en vertu des traités (Convention européenne sur la protection des animaux d’élevage) et de la directive 98/58/CE.