La pollution de l’industrie porcine condamnée

 

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Feu Steve Wing, qui était professeur d’épidémiologie en Caroline du Nord (où le nombre de cochons est passé de 2,8 à 9,3 millions en 10 ans), avait relié des problèmes de santé à la proximité de porcheries industrielles: entre autres des taux de nausées plus importants, l’augmentation de la pression artérielle, des problèmes respiratoires… Vous pouvez voir ici une conférence (en anglais), du professeur Steve Wing: https://youtu.be/7ZW8-LQftnY

Des centaines d’habitants de Caroline du Nord ont voulu poursuivre en justice l’industrie porcine. Mais ils se sont heurtés à Smithfield Foods — le plus gros producteur américain de porcs, acquis avec l’aide du Crédit Agricole par Shuanghui, le plus gros producteur chinois de porcs, voyez ici concernant cette acquisition: http://interactif.ca-cib.com/fr/ra2013/catalogue_accessible/que-faisons-nous/une-acquisition-majeure-pour-shuanghui.html

Smithfield Foods a rétorqué que l’élevage porcin est attaqué par des «avocats prédateurs», des «militants anti-agricoles», alors que les plaintes pour mauvaises odeurs sont rares, et qu’aucune des plaintes n’a valu une amende. «Plus de 80% des porcheries sont possédées et exploitées par des familles», argue Smithfield Foods, «elles produisent de bons produits, de la bonne manière, en s’efforçant d’être de bons voisins.» Sans blague!

La concentration industrielle, croissante (on rappellera ici que “familial” n’est pas l’antonyme d’“industriel”), a fait chuter le nombre de fermes, en Caroline du Nord, de plus de 11.000 en 1982, à 2.217 en 2012. La législation profite à l’industrie porcine — ayant financé des campagnes électorales. Dans un rapport (ici: http://www.ipes-food.org/images/Reports/Concentration_FullReport.pdf, en anglais, page 74), IPES FOOD a constaté que Smithfield Foods a travaillé à renverser ou façonner la loi en sorte de concentrer davantage la production dans plusieurs États des États-Unis d’Amérique. Des producteurs de porcs ont résisté, au Nebraska, en demandant notamment que des élus rendent les contributions de WH/Smithfield à leurs campagnes électorales.

Pour éviter la puanteur, des habitants ne sortent pas. «C’est comme vivre en prison», dit une riveraine. «On nous a demandé plusieurs fois: pourquoi, simplement, ne déménagez-vous pas? Mais bouger pour aller où? Je ne veux pas bouger […] C’est ma terre.» Une terre dont la pollution a eu un tel impact social qu’on parle de «racisme environnemental»https://www.theguardian.com/us-news/2017/sep/20/north-carolina-hog-industry-pig-farms
Récemment, Smithfield Foods a été condamné à payer plus de 50 millions de dollars en dédommagement aux tourments du voisinage occasionnés par la puanteur et d’autres nuisances d’une mégaporcherie, en Caroline du Nord. Pour en savoir plus sur cette condamnation, dont Smithfield Foods a fait appel du jugement: https://pilotonline.com/news/nation-world/national/article_f64fca87-af60-5117-9954-157a00adaf91.html